Marcel Duchamp
Blainville, France, 1887 - Neuilly-sur-Seine, France, 1968

Face au défi que la technologie engendre vis-à-vis de l’esthétique, il serait aléatoire de dissocier de son rôle de peintre, les différentes activités (ready-made, recherche optique, film, échecs, musique…) de Marcel Duchamp. En 1913, il bouleverse l’Amérique en présentant à l’Armory Show Nu descendant un escalier, considéré comme un des symboles de la peinture d’avant-garde. Très tôt, il domine les grands courants de l’art moderne en portant l’art à ses limites. À la décomposition des formes en volumes du Cubisme, il ajoute la décomposition du mouvement. Les tenants du Dadaïsme et du Surréalisme le considèrent comme un des leurs en célébrant sa rupture avec l’art et son choix de l’expérience vécue. L’apparition des premiers ready-mades, la Roue de bicyclette, le Porte-bouteilles…, provoque une véritable mutation de l’œuvre d’art dans l’histoire de l’esthétique moderne. Duchamp substitue le ready-made au tableau, et l’objet pop se situe directement dans cet héritage. Il peint en 1918 sa dernière toile qui représente une forme d’adieu à l’art. Il se consacre ensuite principalement au Grand verre et à une production de machines qui s’insère dans une série d’expériences sur la perception du relief; il s’intéresse aussi aux échecs. À partir de 1925, il s’éloigne de l’activité purement artistique, mais il poursuit toujours ses recherches et innove jusqu’à la fin de sa vie. Il invente bientôt les Rotoreliefs qui reposent sur des illusions d’optique, et paraît en 1938 la première édition de la Boîte en valise, musée portatif contenant ses principales œuvres sous formes miniaturisées. De 1946 jusqu’à sa mort, Duchamp élabore un environnement, Étant donné, qui reprend les thèmes essentiels du Grand verre, mais traités d’une façon illusionniste.