Œuvre
Kelly Jazvac
They Forgot They Were a Landscape
2020
- Catégorie :
- Installation
- Date de production :
- 2020
- Matériaux :
- Bannière récupérée, fil, cadres de chaise en métal, punaises de tapisserie et œillets
- Dimensions :
- Dimensions variables
- Description :
Dans l’installation They Forgot They Were a Landscape, Kelly Jazvac retravaille de manière sculpturale une bannière muséale représentant une peinture d’Adam et Ève réalisée en 1538 par Lucas Cranach l’Ancien. On y distingue la silhouette découpée d’un corps de femme vu de profil. À l’arrière-plan, très sombre, émerge au centre une créature mythologique, apparemment piégée dans un filet. Sa gueule dentée et son regard étrange font écho à celui de l’animal visible à droite de l’image. Au sol sont disposés trois trognons de pommes finement sculptés à partir de la même image. À l’avant-plan, deux chaises recouvertes d’une peau d’homme, celle d’Adam portant une pomme à sa bouche, complètent cette intrigante composition.
Cette scène du jardin d’Éden évoque le récit biblique de la tentation, lors duquel Ève incite Adam à goûter au fruit défendu de l’arbre de la connaissance. Le péché originel entraîne leur expulsion de l’Éden, représenté dans l’histoire de l’art comme un paradis écologique où les protagonistes vivent en parfaite harmonie avec une nature abondante de richesses. Une critique féministe souligne la préséance d’Adam sur Ève, créé en premier et disposant du privilège de nommer les animaux. Créée à partir d’une côte d’Adam, Ève est destinée à l’assister et tient le rôle de la tentatrice qui plonge l’humanité dans le péché. L’Éden de la tradition biblique assimilerait la femme à la nature et le patriarcat à la séparation entre l’homme et la nature, à l’exploitation de celle-ci et à l’exploitation historique de la femme. Kelly Jazvac vient ici renverser l’ordre des choses, en préconisant qu’une Ève métamorphosée soit la figure centrale de son récit. Ses interventions transforment cette représentation familière de la femme et de la nature pour apporter une plus grande conscience matérielle et imaginaire en lien avec l’environnement, la pollution plastique, la société de consommation et l’industrie de la publicité. L’artiste fait dialoguer des technologies contemporaines et artisanales en se référant à cette iconographie ancienne, dont le sujet est la justice punitive, et confère ainsi un sens plus large aux conséquences de nos comportements, nous incitant à réfléchir sur le développement durable.
- Mention de provenance :
- Achat, grâce au Symposium des collectionneurs 2022, Banque Nationale Gestion privée 1859
- Collection :
- Collection Musée d’art contemporain de Montréal
Art contemporain québécois - Date d’acquisition :
- 2022
- Numéro :
- A 22 19 I 6