Andy Warhol
Mao Tse-Tung
1972

L’imagerie d’Andy Warhol est issue de l’univers artificiel de la reproduction, des supermarchés, des vedettes d’Hollywood et des personnalités célèbres les plus aisément reconnaissables, comme les sérigraphies de Mao Tse-Tung. L’édition de dix gravures aux teintes agressives affiche de façon impersonnelle l’image de Mao en misant sur l’aspect d’ubiquité comme s’il existait depuis toujours. L’artiste élimine du portrait toute sensibilité de la même manière qu’il nous présente une boîte de soupe ou un visage de star. Cet homme politique est traité d’une façon à la fois ascétique et ironique, émettant une fascination certaine. Chargé d’une connotation mythique en plus d’être populaire, il devient le reflet de toute une société. La multiplication de cette image contribue à simplifier la pratique de l’artiste et souligne le caractère mécanique de la fabrication. Elle rend anonyme la personnalité présentée, permettant ainsi de n’en retenir qu’une image statique, vidée de toute substance. Les lignes griffonnées, appliquées en touches de couleur quasi expressionnistes, soulignent le contour du visage et la veste de Mao dont Warhol fait volontairement varier les teintes d’une impression à l’autre. L’utilisation du procédé mécanique de la sérigraphie retire ainsi toute signification du sujet par la juxtaposition de l’image répétée, tuant en quelque sorte l’aspect émotif qui aurait pu émaner du portrait.