Charles Stankievech
LOVELAND
2009-2011

Spectaculaire et envoûtante, l’installation vidéographique LOVELAND, de Charles Stankievech, aborde diverses utopies et rassemble des références historiques allant du fantasme moderniste de l’abstraction postpicturale américaine à la conquête militaire du Nord. Inspirée du tableau Instant Loveland, 1968, de Jules Olitski, un monumental champ chromatique violet, l’œuvre s’articule autour d’une vidéo projetée en boucle, réalisée dans le cadre d’une performance en Arctique, où Stankievech a filmé le nuage pourpre produit par une grenade fumigène. Ici, l’alternance fluide entre cette masse vaporeuse balayée par le vent et la lumière aveuglante du paysage enneigé et désertique rappelle les effets atmosphériques du tableau d’Olitski. Un monde sublime défile à l’écran et se reflète dans la blancheur de la salle environnante, évoquant la froideur du Grand Nord et la neutralité du « cube blanc ». Une trame sonore immersive composée par Tim Hecker accompagne ce « tableau », dont les dimensions équivalent au tableau d’Olitski, soulignant les liens formels et conceptuels entre les deux. Dans une pièce adjacente, un boîtier de verre et de miroirs encastré dans le mur donne à voir un exemplaire du roman de science-fiction The Purple Cloud, de Matthew Phipps Shiel. Publié en 1901, l’ouvrage traite d’une expédition au pôle Nord. Du côté opposé de la salle, une autre vitrine renferme cette fois des cristaux d’émeraude qui, disposés sous une lumière UV, émettent une mystérieuse lueur fluorescente.