Œuvre

Kota Ezawa
Cohen 21
2017

Catégorie :
Installation
Date de production :
2017
Matériaux :
Film d’animation 16 mm, noir et blanc, projection en boucle, 2 min 30 s, son, 1/7
Dimensions :
Dimensions variables
Description :

Dans son œuvre filmique Cohen 21, Kota Ezawa a recréé, en film d’animation, les deux premières minutes et demie du documentaire Mesdames et messieurs, M. Leonard Cohen, produit en 1965 par l’Office national du film du Canada (ONF). Ezawa a utilisé les techniques de la rotoscopie pour relever les contours de la prise de vue réelle afin de les transcrire manuellement à raison de 12 images par seconde. Au portrait de Leonard Cohen se superposent des formes géométriques semi-transparentes inspirées du film Rythm 21 réalisé dans les années 1920 par Hans Richter, artiste dada considéré comme un des pionniers du film d’animation abstrait. Obtenu à la fois de manière numérique et artisanale, le résultat final assemblé par Ezawa est ensuite transféré sur film 16 mm et diffusé avec un projecteur.

Mention de provenance :
Don anonyme
Collection :
Collection Musée d’art contemporain de Montréal
Art contemporain international
Date d’acquisition :
2018
Numéro :
D 18 16 I

Images

Photographie couleur d’une salle d’exposition sombre, où un projecteur renvoie une image en noir et blanc d’un film d’animation sur un écran au mur. Entre les deux, sur un banc, sont disposés des écouteurs. (Afficher en plein écran)
© Kota EzawaPhoto : Richard-Max Tremblay

Vidéo

extrait
© Kota Ezawa
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[00:00 - 00:32]

L’auditoire applaudit.

Dans un film d’animation en noir et blanc, un auditoire est assis dans une salle de théâtre. Le public applaudit un jeune Leonard Cohen sur la scène, un petit micro sur le plancher devant lui. Il tient un livre dans ses mains, et porte un veston et des pantalons foncés, une cravate et une chemise blanche. Tout au long de la vidéo, des formes géométriques — rectangles et carrés — bougent et clignotent à l’écran, apparaissant et disparaissant.

Leonard Cohen parle, sur un enregistrement : L’autre jour, j’étais dans un quartier comme celui-ci, à l’hôpital psychiatrique de Verdun...

L’auditoire rit.

Leonard Cohen : ...à Montréal. Je visitais...

L’auditoire rit.

Leonard Cohen : ...je visitais un ami. Il était au dernier étage. Puisqu’il était encore lucide, je lui ai demandé : « Où puis-je prendre un café? » Il m’a dit : « En bas. »

[00:33 - 01:19]

La caméra fait le zoom sur Cohen.

Leonard Cohen : C’est l’une de ses dernières paroles célèbres. J’ai commencé à descendre dans un corridor en pierre et je me suis retrouvé dans une sorte… d’arène, entourée de portes fermées. Il faisait chaud cet après-midi-là, alors j’avais enlevé mon blouson, comme j’ai l’habitude de le faire.

L’auditoire rit.

Leonard Cohen : Je l’avais laissé à mon ami qui, bien que mentalement perturbé, n’était pas un voleur.

L’auditoire rit.

Leonard Cohen : Je soupçonne qu’en fait, il n’était pas vraiment malade mental.

L’auditoire rit.

Leonard Cohen : Il faisait ça plutôt que d’aller au collège.

[01:20 - 01:32]

L’auditoire rit.

L’auditoire est filmé de près, riant. On retourne ensuite à Leonard Cohen sur la scène.

Leonard Cohen : Je suis resté là à regarder les 4 ou 5 portes, réfléchissant à toutes les possibilités qu’elles pouvaient cacher, sauf celle qui est réellement arrivée.

[01:33 - 02:33]

Le visage d’une femme est montré de près. Elle écoute attentivement puis rit, regardant quelqu’un à côté d’elle. On retourne ensuite à Leonard Cohen sur la scène.

Leonard Cohen : Une porte s’est ouverte et deux hommes en uniformes blancs, très costauds, en sont sortis.

L’auditoire rit.

Leonard Cohen : Et ils m’ont demandé : « Où êtes-vous censé être, là? »

L’auditoire rit.

Leonard Cohen : J’ai dit : « À la cafétéria. » Ils ont hoché la tête en se regardant. « Où êtes-vous censé être? » « À la cafétéria. » Comme leurs questions continuaient, mes réponses, innocentes au début, ont semblé indiquer que je protestais un peu trop. En effet, après avoir été interrogé encore trois ou quatre fois, j’ai crié et je les ai poussés, alors ils se sont mis à me pourchasser dans le couloir.

L’auditoire rit.

Leonard Cohen : C’est seulement lorsqu’un garde m’a identifié que j’ai pu retourner voir mon ami… qui avait mangé mon blouson.

L’auditoire rit fort.

La vidéo se termine alors que Leonard Cohen sourit, amusé, et porte son index à son front.