Histoires du MAC
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Ouverture au Château Dufresne
1965
D’abord logé au rez-de-chaussée de la Place Ville-Marie le temps d’une exposition, c’est au Château Dufresne que le Musée d’art contemporain de Montréal ouvre officiellement ses portes à l’été 1965, marquant ainsi le début d’une période de location qui s’étendra sur trois ans. L’édifice, de nature patrimoniale, est situé en face du Jardin botanique dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, l’un des lieux les plus fréquentés de l’époque. Selon la volonté du ministère des Affaires culturelles, cet emplacement géographique participe au mouvement de valorisation de l’est de la ville et s’inscrit dans une politique de décentralisation de l’activité culturelle.
Construit entre 1915 et 1918, le bâtiment sert de résidence aux frères Oscar et Marius Dufresne, qui l’occupent jusqu’en 1948. L’architecture de l’édifice est inspirée du Petit Trianon de Versailles; ses salles, largement décorées de plafonds peints et de moulures, offrent un vif contraste avec les œuvres exposées. Les jardins du domaine serviront par ailleurs à la présentation de sculptures. Le Musée, dont l’ouverture était initialement prévue en mars 1965, voit celle-ci reportée en raison des importants travaux d’aménagement et de rénovation qui doivent y être réalisés, car le Château ne possède pas l’électricité à l’époque. Ne disposant que d’espaces restreints pour les bureaux, les activités éducatives et l’entreposage de la collection, l’édifice est essentiellement réservé aux expositions. Le Musée sera ouvert au public du mardi au dimanche, de 13 h à 22 h.
Citations
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« En élaborant les plans d’aménagement temporaire du Château Dufresne et les exigences du futur Musée, il m’a été donné de consulter des centaines de documents et d’étudier sur place certaines réalisations en muséologie internationale récente. Et j’ai vu tout récemment mes intuitions et projets trouver, dans les études pour le futur « Musée du Vingtième siècle » de Paris, confié à LeCorbusier, une confirmation générale. Nous établissons une distinction entre deux aspects de sa fonction. D’abord, il s’agit de rendre compte, dans la mesure du possible, de l’art qui se fait actuellement, ici et ailleurs; c’est le rôle de ce qu’on peut appeler la « galerie expérimentale », comprenant tout un programme de recherche, de documentation, d’information, d’expositions, de manifestations et de publications, avec les risques inhérents à telle initiative. Peu à peu, à mesure que les mouvements naissent, se développent, se remplacent, se bousculent, meurent, l’inventaire et l’élimination se poursuivent, et nous passons de la « galerie expérimentale » à la « collection classée », plus rassurante et cohérente.
Mais d’autres initiatives, d’autres audaces et d’autres explosions viendront alors continuer à nous réjouir, nous éblouir et nous effaroucher dans la « galerie expérimentale ». Car un Musée d’art contemporain doit le demeurer, et donc prospecter l’actualité mourante et en tirer le meilleur, en admettant que le directeur est un prophète susceptible d’erreur… ».
Guy Robert (1965, janvier). Musée d’art moderne. Maintenant (37), p. 31.
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« Dirais-je combien il me paraît important et significatif que le Musée d’art contemporain s’établisse dans l’est de Montréal? C’est un fait qui s’inscrit dans la politique de déconcentration culturelle à laquelle le ministère désire imprimer un élan de plus en plus vigoureux. […] Le ministère est pénétré de la nécessité de favoriser la rencontre de la culture et des hommes, quels que soient le milieu social et le milieu géographique où ils évoluent. »
Guy Frégault (1976). Chronique des années perdues. (p. 219). Leméac.
Événement
Images
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Guy Robert, premier directeur du Musée d’art contemporain, et le journaliste Martial Dassylva dans l’une des principales salles du Musée au Château Dufresne. On y remarque les panneaux installés près des murs afin de permettre l’accrochage des œuvres (juin 1965) - (Afficher en grand)
Vue du Musée d’art contemporain au Château Dufresne (1966)