Robert Adrian X
Toronto (Ontario), Canada, 1935 - Vienne, Autriche, 2015

Artiste d’origine canadienne, Robert Adrian X figure parmi les pionniers de l’art médiatique, ayant piloté plusieurs projets séminaux dans le domaine des télécommunications au cours des années 1980. La remise en question du système de l’art, de ses codes et de ses limites, s’impose comme fil conducteur de sa pratique amorcée à la fin des années cinquante. Durant la seconde moitié des années soixante, alors qu’il est à Londres, Adrian X entame une réflexion sur l’art moderne avec la réalisation de projets en peinture. Profondément marqué par le concept duchampien du ready-made, qui déplace la spécificité d’une œuvre d’art vers son contexte intellectuel et conceptuel, il développe une pratique analytique fondée sur l’interrogation sans cesse renouvelée des paramètres qui définissent l’art au XX^e siècle. Après s’être installé à Vienne en 1972, il poursuit, durant les années 1970 et 1980, une production en peinture et en sculpture, réalisant notamment les installations bien connues de la série Great Moments in Modern Art qui mettent en lumière les mécanismes par lesquels les médias et les discours de l’histoire de l’art ont contribué à la construction, puis à la validation de certains mythes. Parallèlement, il s’engage au début des années 1980 dans la réalisation de projets issus d’une réflexion autour de la dématérialisation de l’art et de ses pratiques, devenant l’un des premiers artistes à s’intéresser au champ des télécommunications. Il cofonde, en 1980, le Artists’ Electronic Exchange Program (ARTEX), qui deviendra l’un des premiers systèmes internationaux de communication électronique réservés à la communauté artistique. En 1982, dans le cadre du festival Ars Electronica de Linz, en Autriche, il lance le projet The World in 24 Hours, qui permettra à des artistes de 16 villes distribuées sur trois continents d’échanger des idées électroniquement selon un plan esquissé pour suivre la trajectoire du soleil du midi. La nature éphémère et collaborative de ses projets s’inscrit dans une volonté manifeste d’œuvrer à l’encontre des valeurs dominantes du système de l’art, axées sur la matérialité de l’objet et l’autorité de son créateur, dans le but ultime de repousser les limites.